Le procès de la réunion de Brissac et de Quincé

1945 – 1964

Le courrier n°14 (novembre 2016) cherchait à faire l’état des relations parfois difficiles entre Brissac et Quincé depuis la Révolution. On connaît les points de friction entre les deux administrations municipales, lesquels n’ont rien d’exceptionnels car chacune des mairies compte son argent au plus juste, et défend son « territoire » :

Préliminaires

1- partage des dépenses relatives aux travaux sur l’église, au logement du curé et à l’achat du presbytère en 1822, aux revenus du curé et du vicaire ;
2- questions financières liées au cimetière commun aux deux populations, celui de Quincé ayant été supprimé en même temps que la paroisse en 1791, cimetière de La Colombe d’abord, puis, en 1860, le nouveau cimetière hors les murs, avant que Quincé crée le sien en 1875 ;
3- tentatives ratées d’union des deux communes, depuis la Révolution jusqu’au second Empire, avec exposition des récriminations de l’une vers l’autre et vice-versa ;
4- graves frictions entre les deux communes à propos du legs Jean-Dupé, ancien curé, DCD à 75 ans le 6 mars 1873 à son domicile impassse des Jacobins à Angers : Les deux communes n’ont pas réussi à s’entendre sur l’adaptation du partage des revenus de ce legs selon l’évolution des populations, et en 1896, la situation est explosive entre les deux maires, Barthélemy et Trosseau, ce dernier allant même jusqu’à malmener son collègue dans le bureau du préfet ; Il fallut un procès (1897) perdu par Brissac pour apaiser Mathurin Trosseau ;
5- oppositions idéologiques entre les deux communes, entraînant certains membres du Conseil de Brissac à s’immiscer dans les élections de sa voisine (en vain !) pour enlever la mairie aux « réactionnaires » qui l’occupent et la donner aux « républicains » ;
6- mésententes à propos de tous les projets structurants : le lieu d’implantation du champ de foire (gagné par Brissac) ; le lieu d’implantation de la gare (gagné par Quincé) ; l’usage et la construction de lavoirs et de points d’eau, etc.

La question posée pour cette recherche est la suivante :
Qu’est-ce qui fait que, après 1945, les deux communes cherchent plutôt à joindre leurs forces qu’à s’affronter ?

  • Une explication serait peut-être à trouver dans l’évolution quantitative et sociologique des deux populations. Quincé, la terrienne, serait-elle en train de changer ? Son artisanat, ses commerces, ont-ils pris de l’importance par rapport à ceux de Brissac ? On pourrait s’appuyer sur la recherche réalisée (Claude Choisnet, Bernard Faure et moi-même) sur ce sujet cette année.
  • Il faudrait regarder aussi du côté des acteurs. En particulier les maires dont les personnalités sont affirmées. Louis Moron, l’entrepreneur, maire de Quincé, travaille autant sur Brissac que sur Quincé. Les maires de Brissac (entre autres Rozé) voient aussi au-delà des limites de leur lilliputienne commune de quelques dizaines d’ha.
  • Autre Question : dans quelle mesure les associations (sportives, comité de fêtes) mêlent-elles déjà les deux populations ? Il semble que oui. Est-ce que le patronage a réussi à mêler les deux populations ? Et les écoles ?
  • À la lecture du registre du Conseil de Brissac, il semble même que les deux communes arrivent à s’entendre sur les travaux à réaliser à l’église. Une nouveauté depuis un siècle et demi ! À vérifier aux archives de la commune.
 
 
 
 
 
 

Marcel Grandière