La famille de Cossé, le roi et la Ligue,
Le château et la ville de Brissac pendant les guerres de religion 1562-1598
Le 1er mars 1562 s’ouvre une période de troubles et de violence inouïe de plus de trente ans. La famille de Cossé sera partie prenante dans cette guerre, à Paris, dans le royaume, en Anjou, et bien sûr à Brissac. Au moment le plus critique, pendant presque deux ans, d’avril 1589 à février 1591, la ville et le château sont l’un des principaux lieux d’affrontement1 dans la province entre les troupes royales et celles de la Ligue catholique2. Le château surtout3, situé à l’intersection des routes conduisant vers Doué et le Poitou, Saumur et la Touraine, et vers Chemillé et les Mauges. Il est, de plus, proche de la Loire et de Rochefort que tiennent les seigneurs de Saint-Offange pour le parti catholique.
Ce qui semble caractériser cette guerre, c’est son caractère apparemment imprévisible. Une guerre faite d’allers et venues de troupes ravageant le pays, une guerre sans frontières ni humaines, ni physiques. Les fidélités se négocient et évoluent. Autour du bourg et du château de Brissac, des violences, certes, mais aussi des pourparlers, des accords dits de « composition » entre membres de la noblesse parfois apparentés ou se connaissant bien. Il ne faut pas oublier que les événements de Brissac font partie d’un tout, le duché d’Anjou à feu et à sang, et un royaume à vau-l’eau.
La force des événements a marqué les esprits pour longtemps. Tout d’abord, un témoin, Jean Louvet4, en a fait la chronique au fil des jours, des semaines et des mois en notant précisément le passage des années5. Ce greffier du présidial d’Angers s’attache certes aux faits de guerre – ceux de Brissac retiennent bien son attention- mais surtout, par sa grande sensibilité aux divers événements d’Angers et de la province, fait émerger une atmosphère générale lourde et inquiétante imprégnée d’émotions et de commotions. Le souvenir de la guerre civile reste vif au XVIIe siècle chez Joseph Grandet6 et Barthélemy Roger7 et n’a cessé depuis d’intéresser les Angevins8 et les chercheurs9.
Marcel Grandière